MARTINET NOIR
Pour cette article, je remercie sincèrement Thierry (TANCREZ) de m'avoir permis d'utiliser ces (toujours) superbes photos. On dit souvent, oui mais il y a le matos, mais je réponds c'est qu'une petite partie de la donnée (connaître les espèces, savoir où et quand et comment il faut procéder, ça c'est le naturaliste "photographe").
RNOP sur le mur d'un des bâtiments.
LES GRÈBES : GRÈBE CASTAGNEUX
Tachybaptus ruficollis / Dodaars / Little Grebe
Serait encore appelé "pattes-aux-cul" dans certaines régions, voir ci-dessous.
Grèbe : je n’ai pas trouvé l’origine. Toute aide est bienvenue.
Castagneux : non qu'il aime la bagarre mais à cause de la couleur châtaigne (Castanea sativa) de la tête lorsqu'il est en plumage nuptial et aussi, selon certains auteurs, parce qu’il a une forme ronde (rappelant les rondeurs de la châtaigne).
VIDEO :
Un ch'tite vidéo de l'oiseau à différents stades de sa vie : http://youtu.be/Y9Wm6BKCUqo
En ce qui concerne la classification de cet oiseau, il appartient à la Classe des : Oiseaux (AVES), à l'ordre des : Podicipediformes et à la famille des : Podicipedidés, qui comprend chez nous, les genres : Podiceps et Tachybaptus.
Le nom de l'ordre, de famille et du genre des grèbes, viendrait du fait que les anciens croyaient que les pattes, placées très en arrière du corps par rapport à l'ensemble des autres oiseaux, sortaient directement de l'anus, d'où l'expression de "pattes-au-cul".
L'étymologie amène à "Pattes au derrière" "Pattes à l'anus" "Pattes au cul" : formé de deux mots latins "podex" (croupion ou cul) et "pes" (pied-ici pattes).
Dans ma jeunesse, on le nommait Podiceps ruficollis, comme l’autre grèbe que je connaissais à l’époque soit Podiceps cristatus - le grèbe huppé. Depuis plusieurs années (décennies, on parle des années 70 ou 80) on l’appelle Tachybaptus ruficollis.
L’étymologie parlerait
- de deux mots grecs pour Tachybaptus :
- de deux mots latins pour ruficollis :
Rufi : roux
Collis : cou.
REMARQUE GÉNÉRALE : Les grèbes ne font pas partie du groupe des anatidés (Cygnes, oies et canards). Les grèbes ont des lobes aux doigts alors que les anatidés ont des palmes. Par contre, comme ces derniers, les grèbes perdent toutes les plumes des ailes en même temps, ce qui fait qu’ils sont incapables de voler pendant plusieurs semaines lors de la mue complète. Cette mue se situe en fin de saison de reproduction (août – septembre).
Autant avoir de nouvelles (bonnes) plumes aux ailes en vue de la migration.
Voici un lien vers une superbe photo des œuvres de Pierre Denève, photos postées sur le forum Brussels Birding :
L'oiseau fréquente les étangs, mares, lacs, cours d'eaux lent, du moment qu'il y a un minimum de végétation émergente (massettes, phragmites...ce que le langage courant désigne par roseaux) et des rives boisées où le surplomb des arbres permet d'installer le nid, à l'abri des regards, et permet un abri pour les juvéniles. L'autre critère étant des eaux où sont bien représentés les invertébrés et vertébrés aquatiques (proies).
Il se nourrit de petits crustacés et mollusques, d’insectes aquatiques et de leurs larves, de vertébrés aquatiques (amphibiens et poisson ainsi que leurs larves ou alevins).
D'une taille de 25 à 29 cm Envergure : 40 à 45 cm Poids : 100 à 200 g
Il tient dans la main.
Courtaud, avec le cou petit et le bec court. D'une couleur générale brunâtre. Farouche, il peut rester longtemps caché, plonge rapidement. On dirait un jouet en peluche.
PLUMAGE NUPTIAL : Dos brun noir, dessous roussâtre, calotte noire, joues brun rouge, commissure du bec jaune vif.
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Le nid est toujours fixé aux végétaux mais il a une certaine amplitude de flottaison
haut-bas afin d'accompagner la montée ou la descente des eaux.
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Le nid, un simple plateau flottant. |
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Les petits peuvent quitter le nid rapidement. Ils grimpent sur le dos de l'adulte afin d'y rester au chaud mais ce peut aussi être une protection vis-à-vis des monstres des profondeurs (brochets et autres carnassiers).
A ma connaissance, tous les jeunes grèbes oublient d'enlever leur pyjama ce qui fait que longtemps, ils auront la tête rayée.
Lorsqu'il est dérangé, il pleut plonger à la seconde et disparaître dans un nuage de gouttelettes. J'ai l'impression qu'il descend à la verticale dans l'eau sans plonger tête avant.
Il a l'intelligence, lorsque vous le surprenez près du rivage, de plonger mais de nager vers vous pour réapparaître le long de la berge où il est caché.
Je l'ai observé lorsque la Lys était gelée. Ils venaient respirer, à tour de rôle, dans le seul endroit (moins d'un mètre carré) libre de glace.
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C'est un oiseau qu'on n'observe quasi jamais au sol ou simplement même perché.
Les conditions de prise de vues n'étaient pas idéales mais dans ce cas-ci, l'oiseau est resté assez longtemps.
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STATUT :
Espèce présente Toute l’année. (N, M, H) : or gel (et encore voir ci-dessus).
Dans les années 60, il ne restait moins de 200 couples en Belgique. Les causes, il y en a toujours plusieurs, en étaient, des hivers rudes, la disparition des milieux humides, l'empoissonnement des eaux.....Depuis, l'espèce s'est bien remise pour atteindre, selon L'ATLAS DES OISEAUX NICHEURS DE WALLONIE : entre 600 et 900 rien que dans cette partie de la Belgique. .
L'apparition de nouveaux plans d'eau pour la pêche (du moment que certains côtés soient boisés), l'eutrophisation de l'eau qui pousse la population proie vers le haut, des hivers doux (pendant la période prospectée pour l'atlas).....
Voici une série de 3 photos d'une capture d'un petit poisson :
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Capture d'un petit vertébré aquatique.
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Je n'ai pu déterminer l'espèce rapidement engloutie.
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L'animal présente d'abord la proie tête avant afin de faciliter le passage
(écailles dans le bon sens).
Une série de 3 photos concernant le plongeon de pêche (bien différent du plongeon d'urgence) :
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Le plongeon de pêche en trois étapes : l'approche.
Juste avant de plonger, l'animal semble "diminuer de volume". En fait, il sert les plumes au corps, évacuant ainsi l'air contenu dans les plumes, ce qui facilité la plongée. |
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La propulsion permettant de crever la surface de l'eau, facilitée par l'évacuation de l'air et aussi par la position des pattes. |
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Mis à part le remous de surface, l'oiseau est dans l'élément liquide. Lors d'un plongeon d'urgence, le remous est accompagné d'un nuage de gouttelettes.
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Ce dieu des eaux calmes peut marcher ou plutôt courir sur l'eau. Voir la série de 4 photos ci-dessous.
DIVERS :
REPRODUCTION :
Il semblerait que 2 à 3 nichées par an serait la règle (en fonction de la météo).
Pour la seconde nichée, les adultes abandonneraient parfois carrément le site de la 1ère. Mais ce, après avoir nourri les jeunes pendant quelques semaines. Il faut alors supposer que les jeunes sont grands assez pour se débrouiller. Il semble que le juvénile soit indépendant en 4 semaines.
Si par contre les parents restent sur le site, il y aurait rapide décroissance du nombre de jeunes de la première nichée, donc il y aurait une dispersion précoce des jeunes.
Dans ce cas-ci, le mâle s’occuperait-il de la première nichée pendant que la femelle s’occupe de la nouvelle ponte. Il semble que la femelle puisse reprendre une ponte lorsque les jeunes de la première nichée ont deux semaines.
NIDIFICATION SUR LES COURS D’EAU :
Le grèbe castagneux nicherait, mais rarement en Région wallonne, sur les cours d’eau.
Il paierait alors éventuellement un lourd tribut aux crues de fin de printemps qui selon leur importantes peuvent submerger les nids ou les détruire.
MIGRATION :
Sur les sites de passage, le grèbe castagneux serait volontiers grégaire. Un groupe de plusieurs dizaines n’est pas rare. Migrent-ils ensemble ?
Il semble que ce soit le gel du plan d’eau qui provoque le départ (absence de nourriture).
En migration, l’espèce fréquenterait plutôt les cours d’eau (l’eau stagnante gèle normalement plus tôt que l’eau courante).
En cours de migration, il pourrait arriver qu’on rencontre des grèbes, plongeons….qui marchent sur la terre ferme. Normalement, vue la position des pattes, ces oiseaux évitent à tout prix de se retrouver à marcher.
Selon diverses explications, la nuit, certains oiseaux confondent le revêtement mouillé par la pluie avec un cours d’eau. Cette erreur pourrait être accentuée par l'éclairage public qui rend le revêtement encore plus brillant. L’oiseau se pose en croyant atteindre de l’eau. Le choc peut parfois être violent. Soit il se blesse soit il ne peut redécoller vu la courte taille des ailes et les pattes placées à l'arrière du corps. Il lui faut trouver de l’eau afin de pouvoir courir et prendre son élan nécessaire au décollage.
PRÉDATION :
Un pote a communiqué en 2012 avoir assisté à la prédation d’un faucon hobereau sur un pullis de grèbe à cou noir.
MESS du 18/06/2012 :
Jeudi matin, beau temps, je me promène à la R.N.O.P.* avec un autre ornitho équipé de son appareil photo.
Nous nous trouvons au bout de l'étranglement face au grand bâtiment équipé de panneaux solaires**. Un faucon hobereau chasse sur le plan d'eau. Soudain, il pique près de nous, un remous marque la surface de l'eau près d'une famille de grèbes à cou noir. L’ornitho déclenche une rafale juste après l'événement. En agrandissant les clichés, nous constatons que le rapace a bien emporté, dans ses serres, un jeune de grèbe.....
Pour nous, c'est une première car nous le voyons habituellement chasser les libellules et la littérature parle de chasse d'hirondelles.
Philippe BLOMME
* Réserve Naturelle et Ornithologique de PLOEGSTEERT.
* Pour ceux qui connaissent le site : entre l’étranglement et la vasière.